par Guillotine » 01 Juillet 2011, 20:02
Ils marchent en silence. Guillotine a les sourcils froncés, comme lorsqu’elle réfléchit. Ils arrivent en vue du campement.
« Pour les binocles, je ne dis pas tu sais...mais pour ma maladie...je ne sais pas à quoi sont dues ces pertes de maîtrise. Elles sont tout à fait originales. Je ne sais pas si mon rythme de vie à bord y est pour quelque chose. Mais une chose est sûre, je ne sais pas si je suis un membre de l'équipage. Le mercenaire me commande une étude, dont il délaisse les résultats malgré mes heures d'études. Je me brouille avec Mlle l'irlandaise pour une raison ... »
Kain s’approche d’eux, et passe sans s’arrêter. Guillotine pousse doucement Valer contre le mur d’une ruine, afin qu’il s’arrête et qu’ils puissent terminer leur conversation avant que les autre ne les entendent. Elle suit le colosse du regard.
« Bref. Le médecin aussi. On me dit de venir à bord, soulignant mes compétences. Or semble-t-il, elles ne sont pas nécessaires... »
Il continue de parler de ses connaissances à bord du vaisseau.
« Mais vois tu ... Je crois que le gouverneur a les moyens techniques et les compétences de me soigner efficacement. Et je suis sûr que je pourrai lui rendre service. Ce n'est pas une question de changer de camp. Mais bien de garder mon semblant d'autonomie. Et puis, cela ne tente vraiment pas d'agir par toi même ? Quitte à repartir par la suite, profiter enfin des moyens des riches pour lustrer nos vies ?
- Lustrer nos vies ? »
Elle soupire, ferme les yeux, fronce les sourcils et garde le silence quelques secondes.
« La rendre un peu plus brillante, c’est ce dont tu veux parler ? Parce que la rose vaut mieux que le fumier, c’est bien ça ? La richesse est la plus belle, la plus noble des valeurs, c’est ce qu’on apprend au Collège de France ? Valer ! »
Elle le regarde, presque implorante.
« Bien sur que ça faciliterait ta vie … Encore faudrait-t-il que ce soit possible, ce dont je doute, mais sincèrement, le luxe a tenté tout le monde un jour ou l’autre … Toi, c’est cela que tu cherches ? »
Elle s’approche un peu de lui.
« Quand au fait d’agir par moi-même … C’est ce que j’ai toujours fait. C’est ce que je fais. Et cet équipage est un des seuls au monde qui respecte la liberté individuelle. Tu penses vraiment garder ça en vivant aux crochets d’un homme d’état corrompu ? »
Elle passe doucement la main sur le visage de Valer, dans un geste très maternel, l’obligeant à la regarder dans les yeux.
« Jamais une trimardeuse comme moi ne sera reçue au palais. Crâne ne peut rien pour moi. Et honnêtement, même un bon gouverneur ne s’occupera pas de tous les traînes savates qui demandent de l’aide. Peut être qu’il te traitera différemment, qui sait ? Tu m’expliqueras pourquoi, seulement. »
Elle a les paupières qui tombent. Elle n’a pas dormi depuis quelques jours, fatigue. Elle piétine un peu, se balance légèrement.
« Aux dernières nouvelles, ce type était celui qui avait fiat enfermer Monsieur Émile. Aux dernières nouvelles, celui-ci a succombé à ses blessures. J’ai du mal à trouver ce monsieur respectable. Et à comprendre comment tu peux ne pas voir de trahison envers tes amis en le rejoignant. »
Elle se balance encore en tombe dans les bras de Valer, toujours debout, mais ses yeux se ferment et sa voix faiblit.
« Mais ça ne me regarde pas, c’est vrai. Je te donne juste mon avis sur la question. A toi de le prendre … Ou non. Et quand bien même il n’en aurait pas rien à foutre de toi, saurait-il te soigner ? Les docteurs ne savent rien. Des crises comme … Les tiennes ne peuvent être apprivoisées … Que … Par … Toi … Même ? »
Elle sursaute brusquement et se redresse.
« Bordel ! »
Elle s’écarte, frotte un peu ses yeux.
« En clair. Si tu te présentes chez un homme de cette classe, avec ses valeurs de cette classe et que tu demandes à être pris en compte, je me trompe peut être, mais j’ai une petite idée de la façon dont tu seras reçu. »
Pas d’allusions à sa quasi-perte de connaissance. Elle le regarde calmement.
« Tu viens ? J’ai très faim. »
(HRP : pardon pour ce long post, j'ai abrégé comme j'ai pu.)
"Je ne comprendrai jamais rien à la misanthropie. Je refuse l'idée qu'elle puisse se comprendre."